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La poésie marocaine, une originalité inouïe insufflée par un esprit novateur

D’après MapEXPRESS

La poésie marocaine illustre une originalité inouïe insufflée par un esprit novateur, dans la mesure où elle est actuelle et sa modernité a su mettre en évidence des formes d’écriture inédites, souligne le poète Khalid Hadji, à l’occasion de la journée mondiale de la poésie.

La poésie marocaine est passée de l’engagement et de l’expérimentation à un renouvellement des formes, voire à un type d’écriture hybride qui associe les autres arts comme la peinture par exemple, relève M. Hadji dans un entretien à la MAP, faisant référence à Kacimi, Aïssa Ikken, Binebine et à Loakira qui, selon lui, sa poésie en plus de son voisinage substantiel avec la peinture, développe une forme inédite d’écriture: le poème récit (qui n’est pas le récit poétique).

La poésie marocaine occupe une place de choix sur la scène artistique, en comparaison avec les pays occidentaux et du monde arabe, soutient-il, mettant en exergue la richesse culturelle de cette forme d’expression littéraire, Zajal, Malhoun, les joutes oratoires dans certaines régions amazighes, poésie écrite en arabe, en français, en dialectal marocain et en amazigh…

Il a, ainsi, fait savoir qu’il existe de nouvelles formes poétiques urbaines qui sont en train de se développer au Maroc, tels le Slam et le Hip Hop étant  très appréciés par les jeunes, mais aussi par les adultes.

Cette évolution de l’expression est à interroger et à exploiter, parce que la poésie permet l’intériorisation des représentations et en cela elle ne peut être que bénéfique, même quand elle émane de la douleur, de la souffrance ou de la colère, avance ce professeur de littérature française à la faculté des lettres et des sciences humaines à Fès.

Sur la relation des citoyens avec la poésie, il affirme que le Marocain garde son rapport avec la poésie en dépit de ce que l’on constate au niveau de la baisse du niveau de la lecture et aussi des langues (arabe et française) et l’invasion du numérique à plus d’une échelle, soulignant qu’il existe un public fidèle à la parole poétique et qui lit la poésie, l’écrit et l’écoute, indépendamment de la langue.

Selon lui, la poésie représente la conscience qu’a l’homme vis-à-vis du monde, d’autrui et de la parole. Un peuple sans poésie ne peut pas prétendre posséder une culture et encore moins faire partie d’une civilisation. Mahmoud Darwich dit que celui qui n’a pas de mètre (vers, poème) ne peut avoir de terre (patrie). C’est en cela que la poésie développe un véritable rôle dans la communauté des hommes.

En effet, le poète parle de l’univers où il vit et sa vision du monde évoque de manière oblique celle de la société et du monde contemporain. La poésie met en évidence un système de valeurs universelles qui prouvent qu’on ne peut confiner le poète dans le cadre local, mais plutôt dans l’universalité, affirme-t-il.

“Que reste-t-il des temps passés ?”, se demande-t-il, des monuments et des écrits, mais avant l’écriture, tout se conservait par besoin mnémotechnique par le biais de la poésie, sans oublier que cette parole permet aussi de préserver la langue, explique-t-il en donnant l’exemple de la poésie du Malhoun qui a pu sauvegarder des termes et des expressions qui ne sont plus en circulation.

“La poésie représente pour moi la conscience de mon existence, je dis le poème pour être. Cette parole de présence est l’expression d’une manière d’habiter le monde dans son attirance comme dans ce qui peut en constituer de répulsion”, relève ce poète qui aborde dans ses écrits des thématiques qui se rapportent à l’humain dans toute sa complexité et ses contradictions.

Habitué depuis des années à l’écriture lapidaire, au poème éclaté, au fragment et à l’aphorisme, ce poète est en train de terminer la rédaction d’un recueil inspiré de la mystique musulmane (le soufisme) et des interrogations de l’époque de début de siècle. “La question de la diversité linguistique est pour moi une question de richesse et ma poésie s’inspire quand elle le peut de la beauté esthétique de l’oralité, des représentations symboliques que le verbe confusément populaire et culturel (arabe marocain, amazigh) dévoile”, note-t-il.

Évoquant la richesse du patrimoine poétique marocain, M. Hadji appelle les responsables à honorer la poésie en créant un festival annuel de la poésie où les formes écrites, orales, hybrides et urbaines trouveront un espace d’habitation et insuffler un sens nouveau aux mots.

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